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Rationalité
Idéologie & Sociétale

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Journal de bord

Dimanche 25 mars

18H. Hier, mes camarades sont sortis blessés dans leur âme et dans leur chair, nous partage notre camarade de promo, le lendemain de la manifestation de Sainte-Soline. Le ministre de l’intérieur avait annoncé la veille « une manifestation très violente ». Des civils, malgré l’interdiction, ont manifesté. Des élus aussi. Pour empêcher la construction de la mégabassine, pour éviter l’assèchement des terres, pour éviter l’accaparement par une partie des agriculteurs, une « bataille de l’eau ».

Le collectif citoyens Bassines Non Merci, créés en 2017, se trouve en première ligne des manifestations. L’objectif : faire pression sur les pouvoirs public et obtenir un abandon de la construction. Le ralliement draine des personnes au niveau local mais aussi national. « Il y a mon ami paysan qui vient du Jura ! » dit l’un d’entre eux ; et plus loin encore. Ça devient même international.

Il y a eu d’autres moyens, des lieux d’échanges. A Melle, dans la commune d’à côté. Des conférences.

 

Samedi 15 avril

9h15, café du matin. Échange autour des travaux d’assèchement du Marais-Poitevin lancés par Henri IV. Il y a un réel potentiel de nouveaux espaces à exploiter, les habitants bénéficient de terres fertiles pour les cultures céréalières, il s’agit aussi d’un espace stratégique aux portes de La Rochelle.  

« De l’autre côté de la digue en effet, des marais sont maintenus inondables : ce sont les marais « mouillés », zone essentielle d’épandage des crues en hiver et de réserve d’eau en été » (1)


(2)

 

Sur le site destinationMaraisPoitevin.com, le membre du Comité National de l’eau, représentant des usagers indique qu’ « En 1979, conscient de l’importance de l’écosystème que représente le Marais Poitevin, est créé le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin. C’est hélas, sans compter sur la mise en application de la Politique Agricole Commune qui privilégie les cultures intensives. Attirés par les subventions substantielles qu’apporte l’Europe, l’agriculture délaisse peu à peu l’élevage pour se tourner vers les cultures céréalières. Une grande partie des terres sont retournées. Les marais mouillés sont drainés, asséchés, les niches écologiques sont progressivement détruites et la biodiversité liée à l’anthropisation en mort lente. En 1997, le label PNR est supprimé ».

Yannis Suire salue salue « une énergie considérable, une persévérance à toute épreuve, une ténacité redoutable pour supporter ces nombreux obstacles trop longtemps sous-estimés. Il a fallu un intérêt financier mais aussi personnel et intellectuel pour tenir bon. Il a aussi fallu le soutien de l’État qui s’est sagement contenté de donner la bonne direction, sans interventionnisme excessif. Il a enfin fallu aux dessiccateurs la capacité de comprendre qu’il est inutile de vouloir tout maîtriser, la capacité de concevoir que leurs projets d’une haute technicité sur le papier, devaient être révisés en fonction des exigences de l’environnement. Cette humilité, condition à remplir pour aboutir aux objectifs de développement fixés, est sans doute la plus grande expression de modernité chez ces hommes du XVIIe siècle. Un exemple à suivre par leurs successeurs. ».

 

Mardi 16 mai

18h. Une fresque de l’eau a lieu en ligne (3). Il y a une orthophoniste, un 'écoaventurier', un jeune couple, ingénieurs tous les deux, un ancien comédien reconverti en formation, une étudiante, une consultante qui fait partie du collectif Bassines Non Merci ; originaires de toute la France. A Marseille ou en Bretagne, les personnes se sentent concernées. Voire veulent former à leur tour.

 

Quelques chiffres, moins 1% d’eau douce en accès direct.

Planète Terre :                                                                           1 083,3 milliards de km3 ;

Eau sur Terre :                                                                           1,4 milliards de km3 ;

Océans :                                                                                   1,338 milliards de km3 ;

Glace et neige :                                                                         0,024 milliards / 24 millions de km3 ;

Eaux souterraines :                                                                    23 millions de km3 (dont 12,87 millions d'eau salée) ;

Pergélisol/permafrost (dans les glaciers) :                            0,3 millions de / 300 000 km3 ;

Lacs :                                                                                        0,18 millions de / 180 000 km3 (dont 85 400 de lacs salés) ;

Humidité du sol (dans les eaux souterraines) :                    16 500 km3 ;

Atmosphère :                                                                              12 900 km3 ;

Marais :                                                                                       1 500 km3 ;

Rivières :                                                                                     2 100 km3 ;

Eau biologique (dans les corps des êtres vivants, dont les nôtres) :    120 km3...


Le taux de renouvellement est très faible, l’eau souterraine a 20 000 ans, on puise de l'eau dans une nappe non renouvelable.

La raréfaction des ressources en eau pose de graves problèmes sociétaux, la dégradation de la qualité de l’eau avec les substantes polluantes ou l’augmentation de la température de l’eau, l’assèchement des sols, dû à l’eau non restituée. L’eau peut n’être pas restituée quand elle a été pompée pour faire grandir une culture par exemple et qu’elle part ailleurs. On parle pour l’agriculture d’évapotranspiration car très peu d’eau repart dans le sol. On parle d’eau bleue.
En allant creuser un peu, sur le site de l’INRA, « l’eau bleue consommée par l’agriculture (irrigation) ou stockée dans le bois, n’est pas remise en circulation : elle reste liée dans les produits agricoles ou est transpirée et retourne comme eau verte dans l’atmosphère »

 

 

 

 

 

(3 bis)

 

Comment on fait pour mixer le stripe de Ed Hawkins avec la raréfaction des ressources en eau… ?

Mardi 9 mai

6h20. Le petit Robert intègre le mot Mégabassine dans son édition 2024. On entend Géraldine Moinard, lexicographe, directrice de la rédaction des Editions le Robert à la radio (4) « "C'est toujours très intéressant, parce que les mots nouveaux sont toujours un miroir de la société : on retrouve dans ces mots nouveaux les principales préoccupations de la société de l'époque". Alain Rey le soulignait aussi en 2011, « Un dictionnaire, c’est le reflet d’une époque, d’une société et, parfois, d’une idéologie comme ce fut le cas sous l’Allemagne nazie ou sous la Russie soviétique », il « (rend) compte de la réalité sociale ».

Dans la bataille des mots, celui de mégabassine - un mot attribué aux opposants, de ce qui est autrement nommé « réserves de substitution », prend sa place.

 

« Révéler, c'est tendre un miroir à la société pour qu'elle prenne vraiment conscience d'elle-même, au-delà des préjugés et des ignorances ».

 "L'environnement est aussi l'une des grandes préoccupations du moment, donc on retrouve des mots comme mégabassine, microplastique, indice de réparabilité, dette climatique ou zone à faible émission" ajoute encore la lexicographe.

 

 

Lundi 22 mai

Cannes. Le Festival. Justement. Harrison Ford saisit l’opportunité sur France TV (5) de pousser « un coup de gueule », à nouveau " Notre futur dépend de la science et du fait de reconnaître la vérité sur ce qu’il se passe devant nos yeux". Il conclut « « Si on ne se bouge pas le cul maintenant et qu'on ne fait rien maintenant, on va perdre cette planète. »

 

 

Dimanche 28 mai

D'aucuns disent qu'on entend plus parler du sujet mégabassine. "Ca en est où ? Finalement c’est bien ou ce n’est pas bien ?" …

 

Vendredi 2 juin

La lecture du propos d'Alessandro Pignocchi "Les méga-bassines visent la prise de contrôle technologique du cycle de l’eau pour dégager la production de ses aléas, tout en accaparant une ressource vitale, appelée à devenir de plus en plus rare". Il appelle à "retrouver localement des formes d’autonomie matérielle, notamment en socialisant l’alimentation, diminuer notre dépendance au marché, desserrer l’étau économique".

Dimanche 4 juin

 

Ô Sainte Soline,
Nous t’implorons, guettons tes moindres signes,
Puisses-tu faire de nous foule fluide comme l’eau pour déborder leurs lignes,
Qu’ainsi à tout jamais, il n’y ait plus de bassines.

Amen

Société des frères et sœurs de Soline,
Ordre mystique et ésotérique pour un soulèvement de la Terre

Vendredi 9 juin

 

Echange à la suite de la fresque de l'eau, avec Florence Bazzoli.

 

"Il y a mise en péril de l'eau avec les mégabassines. Les exemples réalisés il y a 30 ans, en Espagne et ailleurs ont donné lieu à des déserts intégraux. (...)

 

Il ne s'agit pas de tirer sur les agriculteurs, ce n'est pas le sujet. Ils sont pris à la gorge financièrement. (...) Mais comment on arrête de polluer l’eau? (...)

Nous avons un système de production complètement obsolète. (...)

Une démocratie qui n’en est plus une. (...) La plus grande  dictature, c'est quand les gens se laisse faire. (...)

Définir d'où vient le problème, avec l'envie de le résoudre sans pansement. (...) Déconstruire les idées reçues. (...)

Des ressources gratuites mais épuisables, on en a fait un système économique.

De l'eau pour tout le monde. Pour vivre!"

1 - Suire, Yannis. « L'œuvre de dessèchement du Marais poitevin », Dix-septième siècle, vol. 221, no. 4, 2003, pp. 611-636).

2 - Illustration – Extrait de Étienne Clouzot, Les Marais de la vallée de la Sèvre niortaise et du Lay, Paris, Niort, 1904

3 - Fresque de l’eau

3.bis - Source visuel : Falkenmark and Rockström 2005.

Eau verte, eau bleue

  • l’eau « bleue » est celle qui transite rapidement dans les cours d’eau, les lacs, les nappes phréatiques ; elle représente environ 40% de la masse totale des précipitations.

  • l’eau « verte », stockée dans le sol et la biomasse, qui est évaporée ou absorbée et évapotranspirée par les plantes et retourne directement à l’atmosphère ; c’est de loin la plus grande quantité, puisqu’elle totalise 60% de la masse des précipitations.

  • L’eau bleue est transformée en eau verte par l’irrigation 

  • L’eau bleue peut être transportée, l’eau verte doit être consommée sur place par les plantes.

  • L’eau verte est une ressource majeure, mais encore mal connue et sous-évaluée, pour la production agricole et forestière ; elle peut être quantifiée par les modèles de bilan hydrique. Ainsi, l’ETR calculée par le modèle Biljou constitue l’eau verte du peuplement, le flux de drainage constitue l’eau bleue restituée au milieu.

4 - Podcast invité du 6h20 9 mai 2023
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-mardi-09-mai-2023-4398134

5 - Tweet France2 22 mai 2023

https://twitter.com/France2tv/status/1660209917058220032?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1660209917058220032%7Ctwgr%5E4beb9ab97c6b16e10110fcdc1c889a75dfba128d%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.lalibre.be%2Flifestyle%2Fpeople%2F2023%2F05%2F22%2Fle-coup-de-gueule-dharrison-ford-lors-du-jt-de-france-2-PHDCMJAK75ARJPPOZ7W2TF2KLQ%2F

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